Politique - Société - Laïcité

Où il est question de nous, terriens, face au semblant de monde qu'on nous a légué et qu'on nous fait

Laïcisme ou laïcité : du conflit à l’émancipation dans la lutte sociale

Rédigé par Laurent Maronneau / 27 novembre 2018

Je vais explorer aujourd’hui avec vous la différence entre le conflit et l’émancipation ou pour le dire autrement, la différence entre le combat pour l’émancipation et l’émancipation nécessaire au combat, car ces deux notions sont intimement liées, mais de nature distincte. Bernard Friot fait assez souvent référence à ces deux aspects de la vie sociale, notamment au cours des entretiens d’Emanciper le travail. Ces deux aspects de ce qu’on peut appeler la lutte sociale sont, pour moi, corrélés aux deux faces de la laïcité. En premier lieu, le laïcisme comme lutte et affrontement du laïc contre le clerc, puis la laïcité comme espace ouvrant sur une possible émancipation. Ce n’est pas la lutte laïcarde ou anti-cléricale qui nous permet de sortir du monde pensé par le clerc, qu’il soit curé ou bourgeois, mais la mise en place d’un espace dégagé des idéologies dominantes et permettant de les questionner et de rechercher d’autres options, que j’appelle espace de la laïcité.

 

Le laïc et le clerc

A la suite de ce propos liminaire, je vais entrer dans le détail de ce que j’entends par laïc, clerc, laïcisme, laïcité, conflit et émancipation. Tout d’abord, le mot « laïc » dérive du latin ecclésiastique laicus qui désigne le commun, celui qui est du peuple. Le lai désigne tout d’abord l’illettré, puis le sens évolue et qualifie celui qui n’appartient pas au clergé (laicus s’oppose alors à clericus). Cependant, ce ne sont pas des mots latins, mais des mots grecs empruntés et transcrits en latin : de λαϊκός, laikós et κληρικός, klêrikós. Laikós dérive de laós, dont le sens chrétien est celui de peuple universel, c’est-à-dire, sans distinction territoriale, alors que klêrikós est construit à partir de klễros, dont le sens premier désigne l’objet qui sert à tirer au sort, d’où le sens de part ou de lot attribué à une église ou à un prêtre. Les klễroi ne possèdent rien en propre, tout leurs biens sont « en commun », d’où l’idée de part ou de lot qui revient à chacun, tout en ne lui appartenant pas en propre : la propriété est ici collective et non personnelle. Ce que le klễros a en propre, c’est le service de Dieu. Ce clerc se distingue du nôtre en ce qu’aujourd’hui, les clercs du capitalisme sont tous propriétaires de leurs biens et refuseraient sans doute de les mettre en commun pour n’avoir en propre que leur position idéologique.

Le laïc est donc l'autre, il est l'autre du clerc. Et c'est le clerc qui le désigne comme son autre, son inférieur en dignité et en grâce. A l’aune du clerc, il y a une hiérarchie au sein de laquelle le clerc est supérieur au simple civil (ou laïc). Plus exactement, c'est Dieu (mais on pourrait dire aussi le marché capitaliste, le Dieu-marché) qui investit le clerc d'une dignité plus importante. Ce procédé est une justification circulaire de l’autorité du clerc par et pour lui-même. Cette autolégitimation est une façon de constituer une communauté en la fondant sur des valeurs qui lui apportent une dignité particulière : c'est une forme d'individuation psychique et collective (je fais référence à Gilbert Simondon) à laquelle répond, comme son envers, l'individuation psychique et collective anticléricale, c’est-à-dire laïciste, qui est constituée par les laïcs qui sont pris dans ce conflit. J’utilise ici les mots laïciste ou laïcisme, non pas au sens vulgaire, mais pour signifier le combat anticlérical qui est à la racine de la laïcité. Il y a une radicalité qui n’est pas d’emblée un fanatisme. Cette radicalité s’amorce avec le conflit historique de la plèbe reléguée dans les faubourgs des villes, contre les bourgeois, le clergé et leurs représentants (par exemple, la maréchaussée, plus tard, la police). Cette radicalité (et je rappelle que le radical, c’est la racine) n’est pas un fanatisme, en ce qu’elle n’est pas portée par une idéologie pointant vers tel ou tel mode de vie, mais portée par le rejet des conditions de vie imposées par le capitalisme se mettant en place et la marque de l’infériorité du laïc par rapport au clerc. C’est un dire « non » aux conditions de vie dans lesquelles la société qui se met en place (le capitalisme naissant au cours de l’époque féodale) relègue une part importante de la population. Cette opposition ne peut se résoudre qu’avec la disparition de l’un des termes de la dyade : le laïc ou le clerc (ce qui rend l’apaisement de ce conflit peu probable). Le laïc incarne l’opposition radicale au clerc, car le clerc jouit d’un statut spécial, il ne fait pas partie de la même société que le laïc. Il veut même la dominer, lui apporter la bonne parole, la parole de vérité, celle de Dieu, ou, pourquoi pas, celle du marché.

(J’ouvre ici une parenthèse pour dire que si je dessine des accointances entre la religion et le capitalisme, il serait, je pense, erroné d’assimiler les deux. En effet, une religion est à ma connaissance toujours associée à une morale visant à maintenir la cohésion de la société dont elle relève et, me semble-t-il, à orienter la conduite des individus la composant vers ce que l’on peut appeler le bien commun, visant notamment à l’apaisement des conflits internes à cette société. Or, si le capitalisme a une morale, c’est celle du profit maximal dans et par la disruption qui est l’opposé du mouvement de constitution d’une société. Le mot « disruption » est assez récent dans le vocabulaire capitaliste, mais il est je crois au cœur de son processus. Il s’agit en effet pour le capitaliste de profiter des disparités entre des zones économiques pour engranger du profit. Et dans un monde globalisé où ces disparités tendent à se réduire (on a, par exemple, constaté l’augmentation des salaires des ouvriers chinois), il s’agit d’en créer de nouvelles, par la disruption, qu’on appelle aussi uberisation. Je ferme la parenthèse).

La langue française nous donne un indice fort de la subordination du laïc par l'usage qu'elle fait du mot clerc dans l’expression « clerc de notaire ». Dans cet exemple, le clerc est membre d'une officine au sein de laquelle le notaire joue un rôle similaire à celui d'un évêque mondanisé. La raison d'être de cette officine est à l’évidence de placer le clerc au-dessus du commun, puisqu'il apporte la vérité du Code à l'ignorant, au lai (juridiquement illettré). De façon similaire, la cléricature désigne le clergé, ainsi que les officiers ministériels, c'est-à-dire, ce corps social qui est au-dessus des simples citoyens et sert de point de contact entre ce qu’ils nomment la société civile (c’est-à-dire la société bourgeoise, la société pensée et mise en place par la bourgeoisie) et ceux qui gouvernent : entre la cité des hommes et la cité du dieu État. L’État moderne (avant et après la Révolution française) reprend les mêmes partitions entre une cléricature de « sachants » qui délivrent la parole de vérité à un monde subalterne, impur, ouvrier (auxquels on peut sans mal ajouter les employés de bureau, les techniciens, les ingénieurs et les cadres, en somme, les salariés), qui ne peut qu'être ignorant et se soumettre à la sagesse de cette sécularisation de l’Église chrétienne qu'est l’État moderne (si l’on suit le raisonnement de Hegel qui, dans les Principes de la philosophie du droit dit que : « l’État est l’esprit enraciné dans le monde », §270).

Face aux clercs de l’État, dont la partie qui apparaît le plus immédiatement est le monde politique, les grèves et mouvements sociaux de ces dernières décennies peuvent être assimilés à du laïcisme : une révolte, une contestation émanant du laïc qui reste dans le système pensé par le clerc, qui se pense même dans ce système qui est dénoncé en vue d’être amélioré, amendé, réformé. Il ne s’agit jamais d’une contestation réelle, c’est-à-dire externe au système qu’elle ne remet précisément pas en cause de façon radicale. La révolte du laïcard est interne au système mis en place par le clerc. Cette forme de laïcité est plutôt un rejet, un cri de colère ou d’impuissance, en tout cas un élément rendant manifeste l’aliénation, la soumission volontaire ou non du laïc au monde du clerc, puisqu’il ne s’agit pas de changer de monde mais de changer le monde. Il y a acceptation qu’il n’y a qu’un monde, mais qu’on peut le modifier, généralement à la marge. En clair : « il n’y a pas d’alternative ». Ce mot d’ordre thatcherien a été assimilé par la conscience des masses salariales et des organisations syndicales, alors que précisément, Bernard Friot nous rend attentifs aux avancées d’après-guerre qui font un pas hors du monde pensé par la bourgeoisie pour tenter autre chose, pour aller vers un ailleurs non capitaliste.

 

Conflit ou émancipation

Il est donc question de s’émanciper. Toutefois, l’émancipation ne peut advenir que si l’on est précédemment dépendant, sous la coupe d’une personne ou pris dans les rets d’une idéologie. Émanciper vient du latin emancipo. Il s’agit d’un mot construit sur manceps signifiant possesseur, lui-même formé de manus, la main et de capio, prendre. On prend en main, ce faisant on devient possesseur, propriétaire, maître de ce que l’on tient. A ce radical mancipo on ajoute le préfixe ex. De ce fait, ex-mancipo, désigne la sortie de la possession, la libération par le maître ou la cession par le propriétaire. Le sens premier signifie affranchir de la tutelle paternelle. Il s’agit donc de quitter une puissance supérieure qui a la main mise sur nous. Cette puissance peut être l’institution de l’esclavage, la famille romaine, une idéologie quelle qu’elle soit, la société capitaliste, et cetera. Prenons l’exemple d’un mineur qui obtient une émancipation légale. Le moment où cette émancipation advient n’est pas un moment de violence ou de conflit, mais précisément, le moment où la violence cesse, par la résolution légale du conflit. De plus, s’il y a libération de la main qui (re)tenait, cette émancipation ne doit pas advenir dans le but de nous aliéner à d’autres mains, à une autre idéologie. Il ne doit pas s’agir d’une forme de transfert de propriété, mais d’une sortie de la propriété (lucrative, dirait Bernard Friot). Quitter un système idéologique pour en embrasser un autre est vain. Cela ne résout par le problème, mais le déplace sur un autre terrain. Si, pour moi, il est assez aisé d’imaginer de quoi je peux souhaiter l’émancipation, parce que j’en ressens l’oppression, ce n’est probablement pas le cas de tous ici, car nous avons chacun un rapport au monde qui nous est propre et certains ne ressentent pas l’oppression du système idéologique capitaliste comme je la ressens, en tant que travailleur non rémunéré. La pression sociale est très forte quand on demande à quelqu’un s’il a un travail. Et si cette personne répond, comme moi, j’ai un travail, je suis chercheur en philosophie, mais je n’ai pas de salaire, c’est l’incompréhension qui domine dans le regard de l’autre. C’est précisément de cette oppression financière et idéologique que je souhaite m’émanciper : le regard de l’autre, du fait que je travaille (je suis donc actif), tout en n’ayant pas de salaire.

Pour que nous puissions nous émanciper collectivement, il faut tisser des lien, il faut entrer en relation et former des collectifs sociaux. Ce sont ces collectifs qui peuvent nous permettre, non pas de revendiquer ou de combattre, mais d’affirmer notre volonté d’un autre monde. C’est une posture que Bernard Friot souligne souvent dans ses prises de paroles et ses écrits (notamment dans Vaincre Macron). Il ne s’agit pas de dire « non » à ce que nous ne voulons plus, mais de dire « oui » à ce que nous désirons. Il faut réactiver la dimension du désir sur le terrain politique.

Alors, bien sûr, je ne néglige pas la lutte contre. Mais je la laisse à sa place : celle du réformisme ou du laïcisme. Tout comme le laïc est l’autre du clerc, le conflit est l’autre de l’émancipation. On ne s’émancipe pas par le conflit, on ne fait, potentiellement, qu’amender ou réformer. Parce qu’il y a des positions antagoniques et qu’il s’agit de trouver un terrain commun, il ne peut être question d’un autre monde, mais uniquement de la modification de celui-ci. Le mot conflit vient du latin conflictus qui signifie choc, heurt, attaque ou lutte. Il dérive de confligo – heurter, opposer – qui se décompose en un radical fligo, signifiant heurter ou frapper et en un préfixe con qui veut dire ensemble et dérive lui-même du préfixe cum. Confligo, frapper ensemble. C’est donc une action violente et collective. Le conflit mène généralement à une réaction plus forte qui en accroît la violence. On peut penser aux émeutes ouvrières de la fin du XIXe et jusque dans les années 1920. Il me semble que le conflit ne peut jamais mener à l’émancipation, ne serait-ce que parce que ceux qui le mènent le font sur le terrain de ceux qu’ils combattent. Il s’agit donc de changer de terrain, afin de permettre la remise en cause affirmative de ce qui nous oppresse, afin d’affirmer notre désir et non plus notre dégoût. C’est la question de l’émancipation.

 

Laïcité

De la même manière que le laïc est l’autre du clerc et l’émancipation l’autre du conflit, la laïcité est l’autre du laïcisme. Avec la laïcité, il ne s’agit plus de poser la question de la lutte ou du conflit, mais celle des conditions de possibilité de l’émancipation. La laïcité est une pratique ouvrant un espace d’émancipation. Cet espace laïque se met en place comme espacement, comme ouverture (je pense à « la clairière de l’Ouvert »1 heideggerienne), comme apport de lumière dans l’ombre de la forêt : ouverture, dégagement de la clairière, en vue de « l’habiter »2, et s’il s’agit d’habiter, ce n’est pas pour mourir dans un conflit. Cet espace est gagné sur la tradition ou l’idéologie, grâce au processus de sécularisation qui le précède. Une fois établi, ce n’est pas un espace d’opposition, mais un espace permettant une liberté de penser hors des cadres conservateurs ou idéologiques dans lesquels nous vivons et avons été élevés. Bien souvent, ce geste de sortie se produit contre ce dont nous tentons la sortie, tout contre. Cet espace de penser n’est pas possible si nous restons baignés dans la tradition ou l’idéologie, si nos épaules ne sont pas au moins en partie allégées de la charge du dogme (qu’il soit religieux, politique ou économique). C’est le travail de la sécularisation que de marquer une distance entre la croyance et le vécu, d’amorcer une inadéquation entre ce que je crois et ce que je vis. Plus largement, il s’agit d’une prise de distance d’avec la prescription morale ou idéologique, et les interdits dont la dernière limite explicative est la foi : quand à la question « pourquoi ? » il ne peut être répondu que « parce que c’est écrit », ou « parce qu’il en a toujours été ainsi », ou « parce que c'est la tendance du marché », ou encore, « parce que le camarade Lénine l’a dit ».

La laïcité est donc cet Ouvert comme territoire vierge, mais pas comme forêt vierge. La main de l’homme produit cette ouverture, en prolongeant la séparation, en dégageant la clairière (avec des outils) : il s’agit de la constitution technique d’un « milieu associé », au sens de Gilbert Simondon3. La superficie et la forme de la clairière dépendent de celui ou de ceux qui la taillent dans la forêt des traditions. Elle n’est donc pas vierge d’idéologies (ou de croyances) et ne peut pas l’être. La laïcité a une visée émancipatrice et c’est dans la clairière comme ouverture que cette émancipation peut, éventuellement, advenir. Cette ouverture se constitue dans la séparation amorcée par la sécularisation. C’est une pratique, une individuation psychique et collective, qui permet d’éviter le repli identitaire sous toutes ses formes, y compris celui qui est nommé, peut-être à tort, « retour du religieux ». La laïcité telle que présentée ici est la possibilité d’une ouverture sur un ailleurs. Ce n’est pas un « retour » : elle n’est pas réactionnaire. Elle est la possibilité de remise en cause de nos croyances, la mise en place des conditions permettant une parole inadvenue. C’est la possibilité d’une nouvelle langue pour dire le monde (Marx, Dix-huit brumaire), dont Bernard Friot nous donne ou nous rappelle quelques éléments : salaire à vie, propriété d’usage, cotisation-salaire, subvention, qualification. Et c’est à partir de cette langue nouvelle, de ce nouveau sol, que peut émerger le combat à venir, car elle est parole neuve et libérée du cadre imposé par la société bourgeoise. Ce combat suit l’émancipation et en cela, il ne se déroule pas sur le terrain de l’oppresseur, mais sur celui de l’émancipé. Il s’agit donc, par la pratique laïque telle que je viens de la présenter, de s’émanciper de l’idéologie capitaliste pour pouvoir mener une lutte qui va plus loin que le réformisme, une lutte révolutionnaire, une lutte dont les prémices se sont déjà fait sentir et qu’il s’agit d’amplifier. Ces premiers moments que l’ont peut tirer de l’histoire montrent une pratique qui tend à s’affermir, malgré l’opposition farouche de la classe dominante. Je songe aux ateliers sociaux de Louis Blanc, qui vont être supplantés par les ateliers nationaux, basés sur le principe de charité ; mais aussi à l’article 21 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1792, qui stipule : « Les secours publics sont une dette sacrée. La société doit la subsistance aux citoyens malheureux, soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d'exister à ceux qui sont hors d'état de travailler ». On peut voir en ces exemples des moments où émerge quelque chose qui tout en restant inspiré par la morale chrétienne, permet de progresser vers ce que pourrait être la sécurité sociale professionnelle défendue par la CGT, si elle était mise en œuvre : à savoir, la continuation du salaire d’un emploi perdu dans l’attente d’en retrouver un autre, sans limitation dans le temps. C’est-à-dire une forme de salaire à vie, mais qui dépendrait encore d'un emploi.

Me voilà arrivé à la fin de mon propos. Je le résume en quelques mots. Si la lutte est nécessaire en termes de résistance aux avancées de l’adversaire, elle ne permet pas l’émancipation de l’idéologie dominante et se déroule sur le terrain du dominant. Pour que la lutte puisse nous orienter vers un « ailleurs » qui ne soit pas capitaliste et qui ne sera peut-être pas communiste, il faut commencer par s’émanciper de l’idéologie dominante pour en questionner les fondements et en imaginer d’autres, qui ne seront pas obligatoirement leurs opposés. Ces fondements serviront alors à amorcer une lutte qui se déroulera sur un terrain dont le capitaliste n’a pas la maîtrise. C’est cela qui est je crois décisif et c’est à ces nouveaux fondements que la laïcité permet de réfléchir, en offrant à ceux qui la pratiquent un espace de déconstruction ; un espace qui est protégé de la réaction et du conservatisme : un espace de liberté de penser et d’expression.

 


1  Martin Heidegger, « La fin de la philosophie et la tâche de la pensée », Questions III et IV, Paris, Gallimard, 1976, p. 298.

2  Martin Heidegger, « Bâtir habiter penser », Essais et conférences, Paris, Gallimard, 1958, p. 170.

3  Gilbert Simondon, Du mode d’existence des objets techniques, Paris, Aubier, 1958.